Poetesses des mois

Poetesses des mois

Messidor

Messidor

 


Le ciel est gris plombé, la terre est altérée,.

Parfois le vent, ainsi qu'une haleine enfiévrée,

Fait onduler le sein des moissons et des bois,

Une angoisse indicible accable la nature,

Et tout frissonne, quand, par la déchiqueture

Des éclairs, un accord de la terrible voix

De l'orage s'échappe et vient jusqu'à la terre.

Le tonnerre, ô bonheur! et comme il fait bien taire

Tout ici-bas! lui seul, on l'entend à présent :

— Gronde, gronde toujours, encore une décharge,

C'est bien! fais à la nue une fente plus large,

Crève-la, puis rugis de joie en l'écrasant.

Va, ton fracas est doux & ton horreur soulage,

Redouble, enivre-toi de ton aveugle rage,

Sois le farouche accent de nos rébellions;


Emporte nos fureurs dans ta fureur sacrée :


L'âme de sa tempête est par toi délivrée,


Et voici bien des jours qu'en vain nous t'appelions!

Ce soir, quand par milliers les tranquilles étoiles


De l'azur nuageux déchireront les voiles,


Un vent doux et subtil sur les blés passera ;


Et, tandis que courant devant l'aube irisée


Il changera la pluie en brillante rosée,


L'âme rassérénée à Dieu s'élèvera.




16/12/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour