Marie Dauguet: Juillet
Juillet
Marie Dauguet: Juillet
Tout éclate, vibre, flamboie,
C'est une explosion de joie,
De la plaine où les seigles ploient,
Aux coquelicots des méteils,
Aux sainfoins dont le flot vermeil
Mire la face du soleil;
Aux vastes prairies purpurines
Où les ruisseaux roses cheminent
Sur des cailloux de cornaline.
Les collines de saphir pur
Forment de l'horizon le mur,
Là-bas aux bornes de l'azur.
Effleurant les forêts chenues,
Plus haut c'est la course des nues
Dont se heurtent les hanches nues.
En marche dans leurs paturages
Voici les lourds, les lents villages
Aux éclatants bariolages;
Les murailles couleur d'épis;
De fauve soleil rechampis,
Les toits couleur pomme d'api.
Les enclos gorgés de lumière
Où trottent au long des barrières
Dorées, les lourdes paupières;
Les claquements du linge blanc
Peint de soleil étincelant
Parmi les vergers s'envolant.
Captés sous la blonde résille
Du midi, les fumiers brasillent
Sur le sol roux qui se fendille,
Brasille le chant des grillons;
Et c'est un fouillis de rayons
Bleux, jaunes, d'or, vibrations
Folles! tout crie, tout grille
Tandis qu'au bout du clocher brille
Le chant du coq qui s'égosille.
(Plaine comtoise.)
Par l'Amour, 1904
Dans la revue "Pan", juillet-septembre 1912